Raison d’être de TerriFlux

Raison d’être de TerriFlux

Territoire et flux de matières

L’économie contemporaine et ses chaînes d’approvisionnement mondialisées a conduit à ce que l’économie d’aujourd’hui soit largement déterritorialisée. Les territoires produisent pour d’autres territoires et consomment des biens provenant d’autres territoires sans connection forte entre ces deux aspects. Ceci à l’opposé d’une économie territoriale où ce qui serait produit sur un territoire serait transformé et consommé sur ce même territoire. 

Cette déterritorialisation a son corollaire de dématérialisation de l’économie. Non pas dans le sens réel, les flux matériels n’ont jamais été aussi important, mais dans le sens cognitif. Ni l’individu, ni le territoire, ni même souvent les industriels n’ont la moindre idée des flux de matières mis en jeu le long des chaines d’approvisionnement. Cette « magie du marché » qui a pu nous faire oublier un temps notre assise matérielle et territoriale a cependant son pendant qui est la crise écologique globale. 

Celle-ci, ainsi que de temps à autres certaines ruptures de chaines d’approvisionnement dues à des événement particuliers, nous rappelle que l’économie a un aspect matériel au coeur duquel se trouve les flux physiques, de matières et d’énergies. Les impacts environnementaux découlent directement de ces flux physiques et il est clairement identifié aujourd’hui que la diminution des impacts environnementaux passe par une meilleur maitrise et une réduction des flux physiques de l’économie. Par une déduction aujourd’hui largement partagée la reterritorialisation d’une partie de l’économie semble un objectif souhaitable pour atteindre cet objectif. 

Mais derrière la re-territorialisation de l’économie il y la compréhension des flux de matiéres en lien avec notre économie territoriale.

Organiser les flux de matières par filières

Les flux physiques découlent de deux processus, le transport liés à la fois au commerce et à la localisation des plateformes logistiques (transport de marchandises ou de matières premières par fret ferroviaire ou par camion) et la transformation industrielle (lait transformé en yahourt ou beurre, grumes transformés en planches). 

Les différents flux physiques sont liés entre eux. Il y a un lien entre la quantité de baguettes consommées (le flux de baguette) et la quantité de blé tendre produite (flux de production de blé tendre), ou entre la production de meubles en bois et la croissance de la forêt. Une bonne manière d’organiser les flux entre eux et de les grouper ensemble au sein de filières, par exemple de la filière bois ou la filière céréale. En les groupant de cette manière on voit avec une certaine logique une matière première qui « s’écoule » le long d’une chaîne de transformation, de l’arbre au meuble, du grain à l’aliment. 

Il n’y a pas aujourd’hui de comptabilité physique réglementaire qui centraliserait des données de flux physiques le long d’une filière. Les données existantes sont produites soit sectoriellement, en silos, sans soucis de cohérence avec les collectes de données des secteurs amonts ou avals de la filière, soit de manière ad’hoc par les acteurs de filières comme les interprofessions ou les instituts techniques. Il en résulte un fouilli de données de flux hétérogénes qui sont difficiles à articuler entre elles. En effet se combine de l’incertitudes sur les données, des lacunes de données et des incohérences. Reconstituer ces flux est un challenge 

Les filières de la bio-économie

La bioéconomie, c’est l’économie du vivant. Le vivant, ce sont les ressources vivantes, végétales ou animales et l’économie c’est la transformation de ces ressources dans différents secteurs d’activité, en créant de la valeur ajoutée et en substituant du carbone fossile par du carbone renouvelable. La bioéconomie à l’origine de bien des usages d’une part ceux destinés aux besoins humains : alimentation, énergie, construction, chimie et d’autre part ceux lié à l’environnement, la conservation des sols et de la biodiversité. 

Les filières de la bioéconomie sont de bonnes candidates pour la reterritorialisation. Beaucoup de nos territoires sont riches en ressources de biomasse et les schémas régionaux biomasse et les stratégies régionales de bioéconomie se déclinent déjà à des niveaux infranationales. Des échelles plus fines peuvent être envisagés comme les SCOT (schéma de cohérence territoriale) voire les EPCI (établissementd public intercommunal). 

La méthodologie et les outils de TerriFlux

Fort d’un travail de recherche mené ces dix dernières années au sein du laboratoire STEEP de l’INRIA, sur la modélisation des flux de matière de filières, TerriFlux offre un cadre méthodologique et des outils, validés scientifiquement et sur le terrain avec les acteurs, standardisés, permettant la modélisation des flux physiques associés aux filières de la bioéconomie qui est la part de l’économie basée sur les différents types de biomasse, agricole, forestières et aquatiques. Ce cadre est capable de réunir les acteurs de filières et les pouvoirs publics et leur permet de parler ensemble autour d’un modèle partagé, ce qui en soit est déjà un objectif. D’autre part il permet de débloquer de la situation inextricable des données produites en silo, en agrégeant celles-ci dans le cadre assez intuitif des tables emplois ressources et en les réconciliant de manière cohérente. Toutes ces raisons en font un outil de choix pour devenir une méthodologie standard sur l’ensemble des régions françaises et autres collectivités ayant besoin de modéliser les flux physiques associés à certaines filières de la bioéconomie.

Pour récapituler les principaux avantages de la méthodologie sont les suivants : 

  • Méthode validée scientifiquement (publications dans des revues à comité de lecture reconnues dans le domaine),
  • Application sur le terrain avec les acteurs (il existe d’ores-et-déjà de nombreuses implémentations et retours d’expérience),
  • Centralisation des données sous un format approprié pour leur mise en débat : l’outil se prête bien à la co-construction des connaissances et aux itérations pour améliorer l’état des lieux. Le processus de co-construction est primordial pour que les stratégies mises en place par la suite ne prêtent pas le flan à la critique,
  • Prise en compte explicite des incertitudes dans les données permettant la prise de recul sur l’analyse des sources de données existantes (peut amener à des réflexions pour améliorer certaines enquêtes) et sur l’analyse des résultats (quelles conclusions sont robustes ?),
  • Mise à jour et suivi dans le temps grandement facilité (gain de temps et d’argent),
  • Méthode standardisée : comparaison aisée des résultats entre territoires,
  • Cohérence multi-échelle géographique assurée : on retrouve bien les résultats de la France en sommant les résultats régionaux,
  • Mutualisation des avancées : tout ajout de connaissance dans une région va par ricochet améliorer les résultats sur l’ensemble des régions.