Bien dimensionner un méthaniseur, c’est bien identifier les gisements mobilisables : exemple à Murianette (METRO Grenoble)

Bien dimensionner un méthaniseur, c’est bien identifier les gisements mobilisables : exemple à Murianette (METRO Grenoble)

Un méthaniseur est une unité de production de méthane. Lorsqu’il est alimenté en biodéchets, il valorise localement les déchets alimentaires sous forme d’énergie.

À l’échelle d’une agglomération, en complément du compostage, il boucle un cercle vertueux : le gaz ainsi produit ravitaille les camions de collecte des déchets, le digestat rejoint l’unité de compostage. Et voilà.

Encore faut-il qu’il soit bien dimensionné !

Trop grand ou trop petit, et c’est le ballet incessant des camions pour importer (ou exporter) les déchets dont il a (ou n’a pas) besoin.

Car un méthaniseur, c’est un gigantesque ventre avec un régime alimentaire bien spécifique : quotidiennement la même quantité d’une bouillie à la composition ajustée. Et il doit être reput !

Sinon, c’est déséquilibre de la flore intestinale, gastro, et purge de l’installation, avant de tout remettre en marche, bref un arrêt de travail de plusieurs jours à la clé.

Deux erreurs à éviter

Pour éviter cela, deux erreurs à ne pas commettre :

Ne pas confondre statistiques nationales et réalités locales

Que les données de départ soient tirées de statistiques publiques, d’un cas d’étude sur un territoire démographiquement similaire, ou d’un simple calcul – volume, densité et nombre de foyers –, les habitants et leurs habitudes peuvent faire toute la différence.

Ainsi, même si Grenoble et Lille ont beaucoup de points communs, l’une tri ses biodéchets depuis plusieurs dizaines d’années et a des ratios de collecte très élevés , loin de ceux atteignables à court terme par l’autre qui commence à peine.

Bref, même si on soigne beaucoup ses données de départ, on peut se tromper.

Ne pas confondre gisement produit et gisement mobilisable

Le gisement brut produit (GBP), c’est celui qui a été évalué à travers l’analyse précédente, et précisé avec les données MODECOM.

Mais tout n’ira pas au méthaniseur !

Il faut identifier et prendre en compte dès le départ l’impact des réductions dues aux :

usages historiques : autres méthaniseurs, composteurs ou contrats privés

déchets pollués : erreurs de tri involontaires ou autorisées

actions de prévention : compostage à la maison, sensibilisation zéro-déchet.

Un fois toutes ces soustractions faites, le gisement mobilisable apparait, et le méthaniseur adapté aussi.

Dimensionnement du méthaniseur de Murianette

C’est ainsi qu’a procédé Quentin Desvaux de l’équipe STEEP de l’Inria (https://steep.inria.fr/), lors de ses travaux sur le dimensionnement du méthaniseur de Murianette pour la Métropole grenobloise.

C’est ainsi que sa cartographie des flux Open-Sankey (open-sankey.fr)a permis de déterminer que le gisement n’était pas de 20 000 tonnes, comme initialement envisagé, mais seulement de 12 000 t, soit près d’un quart de moins.

C’est ainsi que la représentation des flux quantitatifs et qualitatifs, a permis de s’assurer que le bol aurait la bonne composition : assez de déchets alimentaires, pas trop de déchets verts.

C’est ainsi que les bénéfices de la méthanisation locale des biodéchets n’ont pas été annulés par l’obligation d’importer 8 000 t d’un autre territoire pour faire fonctionner un équipement surdimensionné.

C’est ainsi qu’une analyse de flux avec nos logiciels peut vous aider à prendre des décisions éclairées.

Et si vous n’avez pas un doctorant à votre disposition (nous n’avons pas tous cette chance), rien de plus simple : TerriFlux vous accompagne.

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