TerriFlux donne de la lisibilité aux filières de la bioéconomie

TerriFlux donne de la lisibilité aux filières de la bioéconomie

Des services de modélisation et de simulation des flux de matières destinés, entre autres, aux intercommunalités, aux institutions et aux interprofessions (agricoles, forestières…). C’est ce que propose Terriflux, une nouvelle startup étroitement associée à l’équipe-projet STEEP. Elle a été accompagnée par Inria Startup Studio.

Un outil d’aide à la décision

La transition vers une économie bas carbone a fait naître de nouveaux besoins en matière de comptabilité, complémentaires des bilans monétaires traditionnels. Les filières de la bioéconomie (bois, céréales ou élevage…), définies à partir d’une matière première, cherchent en effet aujourd’hui à cartographier les flux de matières utilisés sur toute la chaîne de valeur, depuis la production jusqu’à la consommation.

Face à la raréfaction des ressources, elles s’efforcent aussi de compter les flux de matières nécessaires pour chaque type d’activité. Elles disposent ainsi d’un outil d’aide à la décision, permettant d’anticiper les concurrences d’usages qui pourraient se produire lorsqu’elles choisissent de développer telle ou telle activité.

De la géostatistique à la modélisation des flux

C’est pour répondre à ce type de besoins que la startup Terriflux a été créée en novembre 2021 par Julien Alapetite, après une collaboration de plus de dix ans avec l’équipe-projet STEEP (pour « soutenabilité, transition, environnement, économie biophysique et politiques locales ») du Centre Inria Grenoble – Rhône-Alpes.

Ingénieur-informaticien et géologue de formation, celui-ci a travaillé pendant 20 ans pour Paradigm Geo, l’éditeur de la suite logicielle Gocad, notamment sur le développement d’outils de modélisation géostatistique et d’analyse d’incertitudes, avant de reprendre ses études et de s’intéresser à la modélisation de l’empreinte écologique. Son intérêt pour le calcul de l’empreinte environnementale l’amène à s’intéresser aux flux de matières : « Je n’en suis jamais ressorti depuis ! », plaisante-t-il. Cela le conduit également à rencontrer les chercheurs de STEEP, qui se concentrent sur la modélisation systémique et la simulation des interactions entre facteurs environnementaux, économiques et sociaux.

Julien Alapetite participe notamment avec Jean-Yves Courtonne, chercheur dans cette équipe, à la création de la méthodologie AF-Filières, dédiée à l’analyse des flux des filières biomasse (principalement pour la filière bois). « Ce projet, soutenu et validé scientifiquement par l’Ademe (l’Agence de la transition écologique), a eu beaucoup de succès et il nous a prouvé que notre méthodologie était opérationnelle et intéressante pour la plupart des interprofessions, indique Julien Alapetite. Nous y avons vu un potentiel et j’ai eu envie de me lancer dans cette aventure entrepreneuriale. »

Un accompagnement d’Inria Startup Studio

La volonté de création d’une startup du chercheur coïncide avec le lancement par Inria de son Startup Studio, un dispositif d’accompagnement destiné spécifiquement aux porteurs de projets deeptech(des innovations de rupture). « J’ai postulé et mon dossier a été accepté, en mars 2020, explique-t-il. Cet accompagnement, qui a débuté en juin pour une durée d’un an, m’a permis de bénéficier d’un financement, d’un hébergement et de nombreux conseils très utiles, par exemple pour la conception du business plan… »

Le créateur négocie et obtient parallèlement un contrat d’exploitation avec Inria pour l’utilisation des outils et méthodes liés à AFM (Analyse des flux de matières) et à la solution de visualisation sous forme de diagrammes de Sankey (un type de diagramme de flux, dans lequel la largeur des flèches est proportionnelle au flux représenté).

La société est créée avec six associés minoritaires, dont Jean-Yves Courtonne, en novembre 2021. Mais les prestations avaient déjà démarré en janvier de la même année, portées par Inria. « Avant même la création et pendant l’incubation, j’ai eu la chance de pouvoir commencer à réaliser et à facturer des prestations, principalement en faisant des études sur les flux des filières professionnelles », indique le fondateur.

Des études pour les interprofessions

Les services de Terriflux s’appuient sur les outils et le cadre méthodologique développés au cours de ces dix dernières années – définition des flux, collecte et réconciliation des données (potentiellement incohérentes ou lacunaires), puis représentation sous la forme de diagrammes… Elles peuvent être répétées dans différents secteurs, en France ou dans d’autres pays européens, et donc générer un chiffre d’affaires récurrent.

Des exemples actuels ? Terriflux vient de mener, pour le compte d’une filière agricole de Bourgogne-Franche-Comté, une analyse sur les ressources en paille. Le but était de vérifier si les ressources produites par les acteurs régionaux étaient suffisantes pour envisager le développement de nouvelles activités de construction en paille.

La startup travaille aussi avec des intercommunalités, par exemple pour effectuer des analyses sur les projets alimentaires territoriaux et les services déchets, et elle a obtenu des contrats avec plusieurs interprofessions régionales de la filière forêt-bois (appelées « Fibois »), comme le Pôle Excellence Bois, en Savoie. « Ces filières ont pour mission de regarder l’activité territoriale du bois dans sa globalité, sur tous les maillons de la chaîne de transformation, souligne Julien Alapetite.Je pense qu’elles sont donc sensibles à ce que leur apporte Terriflux : la possibilité de quantifier et de visualiser rapidement et de façon synthétique les flux. »

Des briques logicielles payantes

Les bureaux de Terriflux sont installés à proximité immédiate de ceux de l’équipe-projet STEEP, avec qui les liens sont toujours nombreux et féconds. Début 2022, Julien Alapetite, et un ingénieur recruté en CDD pour l’occasion, ont ainsi été missionnés pour participer aux côtés de STEEP au projet de recherche Scalable, financé par l’Ademe (Agence de la transition écologique), en partenariat avec INRAE (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement). Ce projet doit contribuer à éclairer le débat sur la relocalisation des différents maillons des filières liées aux biomasses d’origine agricole.

Pour développer son activité, Julien Alapetite souhaite par ailleurs proposer à l’avenir à ses clients des briques logicielles premium (payantes) complémentaires des services en ligne et logiciels open sourcecodéveloppés avec STEEP (AF Filières et Diagrammes de Sankey). La startup a les moyens de ses ambitions. Après avoir obtenu une aide financière de Bpifrance, elle a pu s’entourer de quatre premiers prestataires (pour la communication, le développement, la prospection commerciale et la conception de site web). Elle devrait en outre recruter très prochainement, ses premiers collaborateurs. Affaire à suivre…

Liens : https://lnkd.in/e3PF-5rQ et la version anglaise https://lnkd.in/emi_vUzs