Bois d'industrie

La sous-filière Bois d’industrie rassemble l’ensemble des usages du bois qui ne relèvent pas du bois d’œuvre : il s’agit principalement du bois destiné à la fabrication de panneaux, à la production de pâte à papier, ou encore à la valorisation du papier recyclé. Cette filière joue un rôle structurant dans l’économie circulaire du bois, car elle s’appuie sur une grande diversité de gisements : bois ronds de qualité industrielle, connexes issus de la première transformation, résidus des processus papetiers et, surtout, un volume très important de fibres récupérées via la collecte de papiers-cartons usagés.

1️⃣ Vue complète – Une vision élargie des interactions de la filière

La première vue offre une représentation globale du bois d’industrie en intégrant à la fois les flux principaux de la filière et les nombreuses connexions avec les autres sous-filières du bois. On y voit converger trois grandes sources d’approvisionnement : le bois d’industrie issu des prélèvements forestiers, les connexes provenant des scieries, déroulage ou contreplaqués, et les matières premières issues du recyclage, dont le papier-carton constitue la composante dominante.
Cette vue met en lumière l’ensemble des transformations, depuis la fabrication de panneaux (panneaux de particules, MDF/HDF, OSB, fibres dures) jusqu’à la production de pâtes mécaniques et chimiques, ainsi que les nombreuses destinations de ces produits : industrie papetière, ameublement, construction, emballages, autres usages industriels ou énergétiques. Les flux d’importation et d’exportation complètent cette image en rappelant que la filière est fortement insérée dans des échanges internationaux.

Cette représentation large permet de comprendre le rôle central du bois d’industrie comme interface entre plusieurs usages : matériau, fibre recyclée, énergie, et même chimie du bois. Elle révèle une filière dense, très interconnectée, dont l’équilibre repose sur la complémentarité entre ressource vierge, résidus industriels et recyclage.

2️⃣ Vue focalisée – Une lecture recentrée sur les flux strictement industriels

La seconde vue propose une version plus épurée de la filière, recentrée sur les flux strictement liés aux fonctions principales du bois d’industrie. Les flux et usages périphériques ou indirects sont supprimés pour mettre en avant les transformations essentielles : production de panneaux, fabrication de pâtes, et utilisation directe du papier recyclé dans l’industrie papetière.

Cette représentation clarifie les relations fondamentales entre les trois principaux blocs :
- la ressource (bois d’industrie, connexes, papier recyclé),
- les transformations (panneaux, pâtes),
- les débouchés industriels majeurs (papiers-cartons, ameublement, construction).

En se concentrant sur ce noyau dur, la vue focalisée rend plus lisibles les équilibres matière de la filière ainsi que sa dépendance à la ressource recyclée. Elle constitue un outil pédagogique précieux pour expliquer ce que représente réellement le “bois d’industrie” dans l’économie du bois : une filière de transformation à haute intensité fibreuse, au cœur de la circularité.

🔄 Choix de l’unité d’affichage des flux

L’ensemble des diagrammes propose un sélecteur permettant de modifier l’unité dans laquelle les flux sont affichés. Par défaut, toutes les données sont exprimées en milliers de tonnes de bois sec, unité dans laquelle une cohérence d’ensemble est garantie entre les différentes sous-filières de la filière forêt-bois. En utilisant le sélecteur d'unité, il est possible d'afficher les diagrammes en milliers de tonnes.
Le sélecteur d’unité permet ainsi, selon la sous-filière visualisée, d’afficher les flux dans l’unité la plus pertinente pour l’analyse, ou la plus familière aux acteurs du domaine. Les conversions sont réalisées automatiquement à partir des données harmonisées en tonnes de bois sec, ce qui garantit la comparabilité des chiffres tout en offrant une lecture adaptée aux différents usages.

Méthodologie AF-Filières : principe général et illustration par les diagrammes

La méthodologie AF-Filières (Analyse de Flux de Filières), mise en œuvre dans le cadre du projet BACCFIRE, vise à reconstituer l’ensemble des flux d’une filière en agrégeant, structurant et analysant toutes les informations disponibles. Elle consiste à collecter la totalité des données pertinentes sur un secteur donné, puis à les rassembler dans un modèle unique, organisé en niveaux hiérarchiques, permettant de mettre toutes les informations en relation. Ce croisement systématique rend possible deux opérations essentielles :
1. vérifier la cohérence interne des données disponibles, et le cas échéant les réconcilier ;
2. déterminer des valeurs manquantes, soit de façon précise, soit sous forme d’intervalles lorsqu’une indétermination subsiste.

Les diagrammes de Sankey présentés dans la section « Méthode et sources » illustrent chacune des étapes de ce processus, en s’appuyant directement sur les données réellement mobilisées dans le modèle BACCFIRE. Ils permettent de visualiser de façon concrète comment la filière est reconstituée, étape après étape.

Étape 1 — Collecte et qualification des données

La première étape consiste à réunir l’ensemble des sources publiques et sectorielles pertinentes pour décrire la filière forêt-bois en France métropolitaine pour l’année 2020. Le premier diagramme indique, pour chaque flux de bois pour lequel une information existe, la ou les sources mobilisées. Il est également possible d'aller consulter directement la donnée brute issue de la source en se reportant à l'onglet correspondant dans le fichier Excel du modèle (nom de l'onglet disponible dans l'info-bulle pour chaque flux).

Comme les données collectées proviennent d'organismes, de méthodologies et d’années diverses, le diagramme offre plusieurs clés de lecture (utiliser les sélecteurs de couleur pour les faire apparaître) :
- l’unité d’origine de la donnée, variable selon la source (m³, tonnes, TWh, etc.) ;
- la grandeur physique de la donnée collectée, permettant de masquer les différences liées aux ordres de grandeur (volume, masse, énergie, etc.) ;
- l'année réellement disponible, notamment utile à préciser lorsque les données exactes de 2020 n’existaient pas ;
- le type de donnée collectée : valeur directe, minimum ou maximum, ou encore coefficients de répartition et de rendement, qui traduisent une relation entre deux flux plutôt qu’une valeur absolue.

Cette étape permet ainsi de dresser un inventaire complet de l’information disponible et d’identifier immédiatement les zones de la filière où les données sont nombreuses… et celles où elles le sont beaucoup moins.

Étape 2 — Complétion du modèle

Dans la majorité des cas, les données collectées ne couvrent pas l’intégralité de la filière. Certains segments restent dépourvus d’information, alors même qu’ils sont nécessaires pour assurer la continuité des flux.
Le deuxième diagramme illustre cette étape de complétion structurelle : des flux supplémentaires sont ajoutés au modèle afin de relier entre elles les données existantes. Ces flux n’ont pas encore de valeur associée ; ils matérialisent les zones manquantes qu’il faudra ensuite déterminer.

Après ces deux premières étapes, l'état des connaissances sur la filière est désormais entièrement cartographié : on connaît à la fois les flux pour lesquels des données existent et ceux pour lesquels il faudra calculer ou estimer une valeur.

Étape 3 — Données collectées et validées

Le troisième diagramme recense tous les flux pour lesquels une donnée a été collectée et confirmée comme cohérente avec l’ensemble du modèle.
Lorsque plusieurs informations convergent sans contradiction, les valeurs finales retenues correspondent strictement aux valeurs collectées.

Étape 4 — Données collectées mais incohérentes

Certaines données collectées présentent des incohérences internes : par exemple, des bilans matière impossibles (entrées ≠ sorties) ou des rendements incompatibles avec d’autres sources.
Dans ces situations, les valeurs collectées sont réconciliées, c’est-à-dire ajustées de manière proportionnelle pour rétablir la cohérence tout en restant au plus proche de l’ensemble des données initiales.
Le quatrième diagramme montre les résultats après réconciliation, ainsi que, en légende, l’écart entre les valeurs collectées et les valeurs corrigées, en tenant compté à la fois des écarts absolus et relatifs.

Cette étape garantit qu’aucune incohérence quantitative ne subsiste dans le modèle.

Étape 5 — Détermination des données manquantes

À partir des bilans matière, des relations entre flux et des contraintes structurelles du modèle, de nombreux flux initialement non documentés peuvent être estimés.
Le cinquième diagramme présente l’ensemble de ces flux déterminés par le modèle, qui deviennent alors pleinement renseignés.

Étape 6 — Valeurs indéterminées : calcul d’intervalles

Enfin, certains flux ne peuvent pas être déterminés précisément, faute d’information suffisante. Néanmoins, le modèle permet souvent d’établir des valeurs minimales et maximales possibles, ce qui définit un intervalle d’indétermination.
Le sixième diagramme présente ces flux indéterminés ainsi que l’amplitude de leur intervalle, indiquée dans la légende. Un intervalle étroit signifie que, même sans valeur précise, la quantité réelle est très proche de l’estimation ; un intervalle large signale un flux très incertain.

Étape 7 — Synthèse et niveau de confiance

Le dernier diagramme propose une vision d’ensemble des résultats, enrichie d’un indicateur global de fiabilité des résultats pour chaque flux. Cette fiabilité repose sur plusieurs critères : qualité et précision des sources, proximité des données collectées avec le périmètre du projet, importance des ajustements réalisés lors de la réconciliation, largeur des intervalles d’indétermination, etc.

Niveaux de fiabilité

Ce diagramme permet d’identifier en un coup d’œil les segments de la filière bien documentés et ceux qui demeurent exploratoires. Grâce au sélecteur, il est également possible d’afficher pour chaque flux l’étape du modèle à laquelle il a été déterminé, constituant ainsi une synthèse directe des diagrammes 3 à 6.

Processus de conversion d’unités

La conversion d’unités intervient à deux moments déterminants du travail :
- en amont, pour harmoniser toutes les données collectées dans une unité commune ;
- en aval, pour restituer les résultats dans les unités les plus naturelles pour chaque secteur de la filière.

1. Harmonisation initiale des données dans une unité de référence
Les données collectées pour reconstruire la filière proviennent de sources multiples et sont exprimées dans des unités très diverses : volumes forestiers en mètres cubes, tonnages de produits transformés, production énergétique en TWh, etc. Avant de pouvoir les relier et les analyser, il est indispensable de les convertir dans une unité de référence unique, le millier de tonnes de bois sec en l'occurrence dans BACCFIRE, qui sert de base au modèle.
Cette unité commune permet d’effectuer les bilans matière, d’identifier les incohérences entre sources, de procéder aux réconciliations nécessaires et, enfin, de calculer les flux pour lesquels aucune donnée n’était disponible.
Les conversions reposent sur un ensemble de coefficients technico-économiques issus de références reconnues (par exemple, les coefficients d’infradensité publiés dans Carbofor). L’ensemble de ces coefficients est recensé dans l’onglet « Récap coefs conversion » du fichier Excel associé au modèle, où figurent également les formules, hypothèses et sources mobilisées pour chaque produit de la filière.

2. Conversion finale des résultats vers des unités adaptées aux usages
Une fois les résultats du modèle obtenus dans l’unité de référence — après contrôle de cohérence, réconciliation et détermination des flux manquants — ils sont reconvertis dans des unités plus pertinentes pour l’analyse ou la communication sectorielle.
Les mêmes coefficients que ceux utilisés à l’amont sont remis en œuvre pour assurer la cohérence entre les données collectées et les résultats restitués. Les unités choisies dépendent des pratiques de chaque sous-filière : par exemple, les mètres cubes pour le bois rond, les tonnes pour les déchets et produits transformés, ou les TWh pour les flux énergétiques.

Qualité des coefficients de conversion et incertitudes associées
Comme les données collectées, les coefficients de conversion incorporés dans le modèle présentent des niveaux de fiabilité variables, selon l'origine des sources et le degré de détail disponible. Certains coefficients sont bien établis et largement documentés, tandis que d’autres reposent sur des hypothèses simplificatrices ou sur des données anciennes ou incomplètes.
Ces deux étapes de conversion — d’abord vers l’unité de référence, puis vers les unités d’analyse — introduisent donc une part d’incertitude supplémentaire dans les résultats obtenus.
La question des coefficients de conversion constitue d’ailleurs un sujet à part entière dans la filière bois, tant ils conditionnent la comparabilité des données. Elle a fait l’objet d’un travail spécifique dans le cadre de BACCFIRE, incluant une analyse bibliographique détaillée des références existantes.

Méthode et sources
📊 Diagramme de flux